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Cancun, un paradis artificiel

 

Au commencement, Cancun était un petit village de pêcheurs d’une centaine d’habitants. Mais à la fin des années 60, le gouvernement prit la décision de faire de Cancun un haut lieu du tourisme pour éviter la saturation et désengorger la ville d'Acapulco se trouvant sur la côte Pacifique du Mexique. Dès lors, des investisseurs vinrent y installer des grands complexes hôteliers, des restaurants, des bars et des clubs pour satisfaire les touristes et leur permettre de passer un séjour idéal. Aujourdh'ui Cancun attire plus de plus de 13 millions de visiteurs par an (chiffre 2011).

 

Vivant à Cancun depuis deux mois maintenant, j’ai pu me faire une idée plutôt précise de cette ville. Tout d’abord, il y a deux Cancun, la zone hôtelière et le centre-ville.

 

Le Cancun touristique, celui où la richesse est étalée aux yeux de tous. La zone hôtelière de Cancun est l’endroit où se situent tous les hôtels de luxe, plus démesurés les uns que les autres, un long boulevard à quatre voies sur une bande de plage de 22 km de long : 26 000 chambres d’hôtels qui ne laissent plus voir la mer. Cette zone est en majorité artificielle, construite par remblais sur une fine bande de plage entre mer et lagune. A cause de ces constructions, 95% des mangroves originelles qui protégeaient des ouragans ont disparu, affaiblissant dangereusement l’écosystème. Cette zone est celle que toute personne sortant de l’aéroport est amenée à voir en premier donnant, à mon avis, une impression sur la ville totalement faussée. Ici et comme dans chaque grosse station balnéaire tout est construit pour que le touriste se sente à son aise et ne veuille guère plus quitter l’hôtel. Le tout-inclus règne en maitre. S’il lui prend l’envie de s’échapper de ce paradis artificiel pour visiter le beau patrimoine mexicain, on lui donne l’occasion de réserver une excursion directement à l’hôtel et un minibus viendra le lendemain le chercher pour l’emmener au point d’arrivée, je le sais car c’est ce que je vends. De cette façon, il évitera le centre-ville, les petits commerces et les petits restaurants, favorisant les gros centres commerciaux présents dans la zone et fragilisant ainsi l’économie locale. La solution? LACHER LE TOUT-COMPRIS !!! Il y a tant d’autres choses à découvrir dans un pays que les artifices d’un hôtel !

Mais n'interprétez pas mal mes paroles, tout n’est pas à jeter dans la zone hôtelière, bien sûr, la plage est magnifique. Habituée à mon océan Atlantique verdâtre, je suis toujours émerveillée par la pureté de cette mer cristalline.  Grâces à la fréquentation touristique, les plages le long de la zone hôtelière sont toujours propres, vierges de toutes algues, ce qui n’est pas le cas de Playa Del Carmen où j’ai parfois l’impression de me retrouver à Pornichet ! Difficile cependant de m’imaginer au paradis quand une horde de complexes hôteliers se dressent face à la mer turquoise. Il y a comme une incohérence dans le paysage je dirais. Mais lorsqu’on connait un peu, on peut trouver des plages calmes, sans trop de touristes et sans arrière-plan déplaisant !

Pour moi et beaucoup d'autres, le vrai visage de Cancun est tout autre, il se situe dans le centre-ville, à l’abri des touristes, à environ 15 minutes en voiture ou en bus des premiers hôtels et plages. Je vis au cœur et le traverse tous les jours pour aller au travail. Chaque matin et chaque soir, je foule ses trottoirs irréguliers, complètement détruits par endroits et je vois tous ces groupes de travailleurs mexicains vêtus du même uniforme monter dans les bus et partir travailler dans la zone hôtelière. En effet, les habitants de Cancun sont pour la plupart des jeunes venus dans l’espoir de trouver un emploi, car qui dit touristes dit généralement travail. Je me suis renseignée sur ce sujet et les conditions de travails sont loin d’être idéales. Les mexicains travaillant dans les hôtels ne reçoivent pour la plupart que des contrats mensuels, pas forcément renouvelables, la sécurité de l’emploi est donc quasi inexistante. Les salaires sont eux aussi très faible dans les hôtels, ils gagnent le minimum (environ 500 dollars), ce qui est à peune suffisant pour vivre à Cancun, l’une des villes les plus chères du Mexique (environ 15% de plus). J’ai aussi appris que le Mexique est l’un des pays qui travaille le plus : 48h par semaine sans compter les heures supplémentaires, un jour de repos hebdomadaire et de 6 à 12 jours de congés payés par an. Je commence à bien apprécier la France moi.  Ainsi, faute de moyens, ces ouvriers vivent dans les faubourgs de la ville, dans des campements où les conditions de vie sont médiocres. Cancun est la ville du Mexique où le taux de suicide est le plus élevé, unparadis pour les touristes mais un enfer pour les mexicains.

 

Je peux le dire, Cancun n’est pas une ville jolie, toute en béton, elle n’a pas vraiment de « cachet ». Les bâtiments vieux et délabrés datant probablement de la construction de la ville côtoient les immeubles flambant neufs et j’ai l’impression d’évoluer dans une ville « raccommodée ». Il n’y a qu’à voir les trottoirs : tous de largeurs, hauteurs, couleurs, textures différentes ! Parfois, il faut même enjamber des énormes trous qui laissent entrevoir des installations douteuses dans le sol. Au niveau de la propreté, Cancun parait au premier coup d’œil très propre mais il ne faut pas attarder son regard car on s’aperçoit vite qu’il s’agit d’une apparence. De nombreux déchets, parfois des objets insolites, sont entassés le long des rues, plus ou moins bien cachées.

Mais malgré ses défauts, j’aime cette ville. Une bonne ambiance y règne et je m’y sens en sécurité. J’aime m’y promener et j’aime son odeur !

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